samedi 24 janvier 2015

4) Les cerfs. (2021)


Caen, Calvados, France, mai 2008, 12 h 30.

Cela bouchonne un peu aujourd'hui sur le périphérique caennais, surtout après avoir franchi le viaduc de Calix en direction du C.H.U. Avec Jean-Antoine Souyris, nous voici sur la route du Cotentin pour, normalement, une bonne session de surf pour lui et de SUP pour moi. Un bel anticyclone est calé sur la Normandie, tandis qu'une solide dépression passe au large des îles britanniques. Windguru annonce une houle d'ouest-sud-ouest d'un mètre quatre-vingt avec une période de 10 secondes, du soleil, un vent faible d'est-nord-est off shore, avec en prime des températures estivales. Tous les indicateurs sont donc au vert pour un petit trip dans la Hague !

Pendant que je surveille dans mon rétroviseur les véhicules qui déboîtent et que Chris Réa nous emplit les oreilles de son titre bien nommé ''Sweet summer day'', je me demande bien à quel endroit va se dérouler notre session. Vauville, Biville, Siouville, Sciotot,  ou encore le Rozel ? Bien qu'ils aient chacun leurs spécificités, les spots ne manquent pas sur la côte ouest du Cotentin. ''Tu verras bien ! '' m'a dit en souriant Jean-Antoine, ''mais là où je t'emmène, nous serons tranquilles ! On pourrait baptiser le spot ''les Cerfs'' ''. Bizarre, bizarre. A part quelques lapins ou bien des chevaux que l'on croise occasionnellement dans la lande derrière les dunes, je n'y ai jamais vu de biches et autres cervidés, lesquels préfèrent normalement l'intérieur des terres et les sous-bois...

Surtainville, Manche, France, même jour, 14 h 00.

J'ai roulé en respectant les panneaux de signalisation routière afin de ne pas me faire flasher par les radars qui sont régulièrement installés aux alentours de Bayeux et de Carentan par la Gendarmerie Nationale sur la RN 13. Je n'ai pas l'intention de me voir infliger une amende pour excès de vitesse, de perdre des points sur mon permis, et encore moins de faire la connaissance du colonel Martin qui n'est pas un tendre avec les conducteurs en infraction !

Nous voici maintenant arrivé à Surtainville, où le Cotentin Surf Club organise une étape de la Coupe de Normandie de Surf. Qu'est-ce que c'est que ce traquenard ? Jas me rassure tout de suite. Nous sommes en mode freesurf aujourd'hui, et plutôt que de remonter au nord de la baie vers le site de la compétition, nous empruntons en direction du sud un dédale de petites routes qui finissent par nous conduire à un chemin traversant la dune. Pas évident à trouver, mais effectivement isolé ! Les vagues sont bien là et Jean-Antoine se précipite comme à son habitude le premier au pic comme un mort de faim. C'est plus gros et plus puissant qu'il n'y parait vu du parking, et comme il n'y a pas de channel, je passe de longues minutes à ramer dans les mousses avant de réussir à gagner le large...

Premier take off sur une bonne épaule en droite et là, c'est Backdoor ! Les vagues ne font qu'1 m 50 mais elles ont une énergie phénoménale, avec en prime un bowl bien creux dans l'inside. Dans ce genre de conditions, il n'est pas pas question d'appuyer ses cutbacks. Il faut sans cesse accélérer à la limite du tube, et laisser filer la board pour ne pas se faire enfermer. Goofy, Jas est plus prudent que moi lors de ses drops mais néanmoins très efficace une fois lancé sur la vague sur son custom Al Merrick.

Après une bonne demi-heure passée à shooter de belles séries, arrive ce qui devait arriver ! Late take off mal maîtrisé et me voilà parti pour un tour de machine à laver... J'utilise une Naish Nalu 10'6 par 28'', une longueur appréciable pour démarrer loin au large derrière la zone d'impact avec une relative sérénité, et d'habitude, cela tire un peu sur le pied arrière au niveau de l'attache du leash dans ce genre de situation. Rien à voir cependant avec la forte traction exercée par une planche comme la Gong NFA 12' ou l'Oxbow 11' Cruiser. Mais aujourd'hui, je me fais traîner plusieurs fois sous l'eau sur plus d'une dizaine de mètres, et mon leash aura quasiment doublé de longueur à l'issue de cette session ! 

Les vagues grossissent de plus en plus et tout au loin, nous apercevons la tente des juges qui officient pour la compète de l'année en Normandie. Les coureurs doivent s'en donner à coeur joie dans ces conditions musclées : on distingue parfois une silhouette qui vient frapper la lèvre dans un off the lip rageur, ou une autre qui s'envole en kick-out suicidaire par dessus l'épaule. Avec la marée descendante et après 3 heures de rides non-stop, nous terminons cette belle session en douceur sur une jolie petite gauche un peu plus au nord. En remontant sur le sable sec déjà chaud pour la saison, en face d'un arbuste qui parait être le seul à résister au fort vent d'ouest qui souffle constamment ici en hiver, je demande à nouveau à Jean-Antoine pourquoi il a ainsi dénommé le spot. '' Quoi ? Mais ne me dis pas que tu n'as pas vu !!! ''.

Non, effectivement, je n'ai rien vu lors de notre arrivée, trop impatient comme nous le sommes souvent de goûter une nouvelle fois aux plaisirs de l'Océan et d'en découdre avec les séries. Mais en quittant le spot, j' ai bien fait attention cette fois-ci à ces grands bâtiments de verre et d'acier  implantés sur le bord de la route : des serres pour la culture des légumes !!!

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