samedi 24 janvier 2015

18) Incroyable mais vrai ! (2021)




Blonville, Calvados, France, Novembre 2010, 10 h 30.

Ma connexion Internet est en panne aujourd'hui : plus de signal, et donc plus d'accès au site Swell-line me permettant de connaitre quasiment en temps réel la taille des vagues et la force du vent sur les spots normands. Il y avait de bonnes conditions hier et avant-hier pour le SUP et/ou le surf, et pendant que j'enseignais les subtilités de la fonction exponentielle dans ma salle de classe, certains s'en sont donné à coeur joie sur de jolis pics à Trouville.


Alors ce matin, je pars rapidement à destination de Blonville sur mer pour voir s'il reste un peu de houle significative. En arrivant au centre nautique, j'aperçois immédiatement un gros shore break, des lignes bien rangées et un vent quasi nul. A la vue du swell, un des membres du club prévoit un ''tsunami'' dans les heures à venir : il ne croit pas si bien dire...  Le coefficient étant important (101) et la marée trop haute, je décide donc de rejoindre mes amis à Trouville.


Trouville, Calvados, 20 minutes plus tard.


Après m'être garé sur le parking de la piscine, je jette un coup d'oeil rapide au spot situé en face de l'Aquarium : la mer est encore un peu haute mais les vagues commencent à dérouler en gauche-droite à environ 1 m 20, et 6 ou 7 rideurs sont déjà dans la place.


Enfilage express de la combinaison, mise à l'eau au pied de la jetée et en quelques coups de rame sur mon SUPsurf, me voici au line up. Il y a là un jeune bodyboarder et Romain, qui vient tester pour la première fois son nouveau fish, et curieusement, ils se sont décalé en face des tennis... Le pic principal semble squatté par 4 surfeurs que je n'ai jamais vus auparavant à Trouville ou même ailleurs : un shortboarder muni d'une Surftech rouge et un deuxième en combinaison bleue, que je désignerai à partir de maintenant par n°1 et n°2. N°3 surfe quant à lui un mini-malibu, et n°4 n'aura qu'un rôle mineur et plutôt de spectateur dans le récit qui va suivre.


Je me poste au large et décide d'attraper les séries qui décalent pour ne pas gêner mes quatre nouveaux camarades de jeu. J'ai une pagaie et une grosse planche quand même ! Sur mes 2 premières vagues, n°2 se décale ostensiblement vers moi, et essaye de partir alors que j'arrive dans la reforme pour y effectuer un top turn mais il se rétracte au tout dernier moment. Idem sur la troisième, où avant de le frôler de près, je dois le gratifier du traditionnel ''Attention !'' pour lui signifier clairement que ''On va faire comme si tu ne m'avais pas vu les fois d'avant, mais là, ça commence à bien faire!''. La suite tient du roman de science-fiction...


En remontant vers le large, j'aperçois n°1 qui arrive vers moi en gérant tant bien que mal sa vitesse et sa trajectoire en zigzaguant sur une jolie droite : il finit par percuter l'avant de ma planche alors que je suis à l'arrêt complet!


Nous voilà tout les deux à l'eau, et la première chose que fait mon nouvel ami, c'est d' inspecter le nose de SA board ! Pas un mot d'excuse, niet, nada. J'en fait de même côté inspection du matériel. Mon flotteur est indemne et comme je suis bien content de ne pas devoir rentrer à terre et rater la fin de cette sympathique session, je commets l'erreur d'être cool et de lui lancer seulement un :  ''Ca va? Pas de casse?'', plutôt que de le traiter comme le dernier des abrutis. Au lieu du minimum syndical habituel ''Oui, c'est OK. Désolé.'', je reçois comme réponse un ''Ouais, c'est bon!!!'', tandis que ni une ni deux, l'animal se retourne et rame en direction du large. C'en est trop pour moi et je le rattrape à proximité de n°2 et n°3 afin de prolonger un peu la conversation :


- moi : ''Ah, au fait, pardon!''

- n°1 : ''Ne t'excuse pas, c'est quand même un petit peu de ma faute, mais bon, c'est normal que ces choses-là arrivent : avec ton paddle bien trop grand, tu ne peux pas faire demi-tour rapidement et nous éviter ! Alors tu ferais mieux d'aller en faire plus loin.''

Je frise alors la crise d'apoplexie et plutôt que de m'étouffer, je pars dans un grand éclat de rire avant de lui faire savoir de manière toujours diplomatique le fond de ma pensée.


- moi : ''Extraordinaire, c'est toi qui me rentre dedans, et tu ne trouve même pas le moyen de t'excuser ! En 35 ans de surf, sur des dizaines de spots, je n'ai jamais rien vu de tel !''


J'ai du parler un peu trop fort, car avant que n°1 ait eu le temps d'ouvrir la bouche et de dire quoi que ce soit, ses potes n°2 et n°3 rentrent dans la danse et se libèrent tout à coup de toutes leurs frustrations.


- n°2 : ''Eh dis-donc toi, tu nous emmerdes avec ton paddle. Tu peux démarrer sur toutes les vagues, c'est trop facile. Je vais aller chercher une 12 pieds ou une planche à voile, et moi aussi, je vais me gaver ! Et puis, comme tu est arrivé après nous, nous sommes prioritaires et en plus, tu n'as même pas dit bonjour!''

- n°3, vociférant : ''On en a rien à foutre de tes 35 ans de surf !''

J'aurais du en rester là, mais j'ai voulu expliquer certaines choses à n°2 , comme LA règle de base ''Une vague, Un rider !''. En lui précisant bien sûr que si lui aussi, il voulait aller chercher un SUP, il était le bienvenu à Trouville sur cet engin, comme sur n'importe quel autre spot je l'espère. J'ai aussi fait remarquer à n°3 qu'il utilisait un mini-malibu volumineux qui lui permettait de démarrer bien avant de nombreux rideurs équipés d'un shortboard, et que c'était à chacun d'assumer son support.


Rien n'y a fait. Alors plutôt que de poursuivre cette conversation stérile et de continuer à recevoir une flopée d'injures, je leur ai dit que j'allais rester là. Et que j'allais continuer à appliquer, comme je l'ai toujours fait, la règle qui consiste à ne pas démarrer sur une vague occupée, que ce soit par l'un d' entre-eux, par Kelly Slater ou bien par le premier des débutants. Mais j'ai aussi précisé que j'allais maintenant paddlesurfer mes vagues sans me préoccuper de leur présence sur celles-ci, et que je n'avais pas le plus à perdre en cas de choc.


A partir de cet instant, je n'ai plus eu droit à aucune interférence, d'autant que le spot s'est rapidement rempli d'une vingtaine de rideurs en tout genre qui ont noyé dans la masse nos trois lascars. La fin de la session s'est très bien passée !


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