Vauville, Calvados, France, 11 novembre 2010, 10 h 45.
Aujourd'hui, c'est une dépression très creuse qui passe sur toute la France et avec elle, des prévisions météorologiques plutôt optimistes pour l'après-midi. Le téléphone sonne et comme souvent, c'est mon ami Emmanuel Baudon qui, habitant dans les terres au sud de Caen, vient s'enquérir des conditions maritimes avant de prendre éventuellement la route.
Le vent est encore au sud-sud-ouest et souffle à 20-25 noeuds, et les vagues sont encore petites car celui-ci est légèrement de terre. Pourtant, nous ne nous inquiétons pas car la radio distille toutes les heures un avis exceptionnel de grandes vagues entre la pointe de Penmarch et Perros-Guirrec...
Nul doute que cela va rentrer aussi en Manche-Est d'ici quelques heures, lorsque la marée va descendre et que le vent va virer au sud-ouest. Aujourd'hui, ce sera donc Blonville ou Trouville et nous raccrochons donc sereins nos téléphones avant d'aller préparer notre matériel puis prendre un déjeuner bien énergétique !
Trouville, Calvados, France, même jour, 15 h 00.
Après un petit détour par Blonville pour vérifier l'état de la mer, direction Trouville sur mer pour la marée haute, où Emmanuel est déjà à pied d'oeuvre. Le vent rentre mal, un peu de terre et il est malheureusement irrégulier, avec des vagues qui font environ un mètre. Entre deux risées, l'homme de Fresney-le-Puceux plane tant bien que mal sur sa JP Quad Kauli Seadi de 76 litres : il arrive quand même à attraper quelques séries, qu'il lacère consciencieusement avant de finir les ailerons sur le sable.
Au large, quelques parisiens sont au planning mais au bord, il leur faut vraiment se battre pour évoluer proprement sur la vague. C'en est trop pour Emmanuel, qui rentre précipitamment pour attraper sa pagaie et son SUP posés sur la plage au cas où, puis repart à l'assaut du swell pour rider quelques bonnes lignes sur ce nouveau support bien mieux adapté.
Voyant cela, je m'équipe moi aussi de mon Stand Up Paddlesurf et fait rapidement marche arrière toute car les moutons sont de retour ! Changement de matériel et lorsque je mets un premier pied dans l'eau muni de ma planche à voile, Mister Baudon s'en va reposer son flotteur de SUP pour reprendre lui aussi sa planche de windsurf...
C'est parti pour une petite heure de bottom turns et de rollers endiablés, car le vent prend des tours régulièrement, et les plus belles vagues frisent maintenant le mètre cinquante. Le spot commence à se remplir, avec des rouennais et des havrais qui, ne pouvant naviguer à marée haute sur les spots de Seine-Maritime pour cause de gros shorebreak sur les galets, ont trouvé refuge à Trouville. Je dénombre alors plus de 30 voiles sur l'eau !
Avec la marée descendante, les séries commencent à déferler sur les bancs du large. Les conditions pour le surf frontside sont alors vraiment très bonnes, et au détour d'un cutback, j'aperçois un petit point blanc sur la plage qui fait le shadok ! C'est le casque Gath de notre Manu national, lequel est en train de gonfler son aile de kite, car il lui prend tout à coup l'envie d'envoyer quelques off the lip sur sa directionnelle. L'expérience ne va durer que 20-25 minutes, car le vent est maintenant fort et irrégulier comme souvent sur ce spot, et donc peu adapté aujourd'hui à la pratique du kiteboarding.
Pas grave! Voici notre jeune homme de retour au pic sur sa planche de windsurf, et c'est reparti pour des courbes radicales sur la vague jusqu'à la tombée de la nuit. Soit sur son propre flotteur, soit sur la Fanatic Quad de Vincent Boisbourdain, juste histoire de vérifier que sa JP est bien la planche qui lui convient parfaitement !
Avant de conclure, il me faut préciser que le lascar a bien évidemment apporté ses surf dans son véhicule (shortboard et évolutive, on ne sait jamais !) mais que curieusement, il n'a pas pris son longboard : serait-ce un oubli de sa part ?
De retour sur le parking, je lui fait remarquer avec le sourire qu'il a une fois de plus sorti de multiples supports, et que l'ensemble de la communauté des rideurs présents sur le spot lui décernerait encore sans conteste le titre de ''Waterman du jour''.
''Je sais, je sais'', répond-il avec son humour habituel, ''mais tu sais bien que je suis l'homme qui veut tout faire !''.
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