samedi 24 janvier 2015

24) Retour aux sources. (2021)


Vauville, Calvados, France, 15 novembre 2010, 9 h 52.

Si vous avez pris le temps de décortiquer un Wind ou un Planche Magazine dont la couverture est orné du titre "Toutes les nouveautés de l'année !", vous avez du constater que le matériel de Vague y est segmenté en catégories bien distinctes.


Il y a tout d'abord les planches de type Wave Hardcore, des flotteurs conçus pour le surf down the line, avec un rocker marqué et équipé d'une configuration multi-fins. Les volumes de ces petits flotteurs dépassent rarement les 90 litres, et il faut donc une bonne brise pour partir au planning et pouvoir se replacer au vent du spot sans avoir à serrer le vent en permanence. Mais une fois sur la vague, c'est la régalade !

Malheureusement, les spots de l'hexagone ne ressemblent pas tous les jours à celui d'Hookipa, et mieux vaut être prudent lors de l'achat d'une planche unique et opter pour un flotteur Wave plus passe-partout. Vous ferez un meilleur cap, vous serez plus souvent au planning, ce qui vous permettra de prendre plus de vagues, notamment dans les conditions on shore. Votre planche possédera néanmoins toute la maniabilité requise pour envoyer le répertoire complet des professionnels du World Tour!


Viennent ensuite les boards dénommées Freestyle-Wave. Ce sont des planches hybrides, permettant de pratiquer aussi bien le Bump and Jump que de s'aventurer dans des vagues de taille modérée, mais aussi d'envoyer à l'occasion quelques moves bien sentis de Freestyle. Et c'est tout ?


Et bien non ! Il existe depuis quelques années des flotteurs d'un genre nouveau : les Exocet Kona Wave. Mises au point dans les environs de Brest par le duo Patrice Belbéoch/Jean-Marie Guirrec, ce sont tout simplement des longboards équipés de footstraps, et dont le shape a été revisité pour les besoins du windsurf. Un peu plus tendues que leurs cousines issues du surf, elles possèdent également des rails plus marqués, mais surtout le fameux "step tail". Il s'agit d'une découpe d'environ 40 cm à l'arrière du flotteur, dont le but est d'enlever du volume pour rendre la planche plus fine et donc plus maniable.


Et ça marche ! Avec ce genre de flotteur, vous pouvez "aller à la vague", comme le dit lui-même Patrice, qui fut l'un des premiers rideurs au monde à utiliser des planches de vague traditionnelles de 120 litres. Une dizaine de noeuds et un bon timing suffisent donc pour passer des barres consistantes en flottant tranquille au-dessus de l'écume, et si vous le vent n'est pas assez soutenu pour faire un waterstart, vous allez redécouvrir les joies du tire-veille.


Attention quand même à ne pas vous faire croquer par une bonne série ! Contrairement à une petite planche qui a tendance à faire ancre flottante dans les vagues en cas de chute, ce type de matériel flotte très bien. Il faut donc parfois crawler comme Johnny Weissmuller pour rattraper son matériel avant que celui-ci ne soit irrémédiablement emporté jusqu'au rivage.


Une fois lancé au surf, c'est le bonheur ! Il existe 4 modèles dans la gamme, et si la 11'5 est assez dure à contrôler à cause de ses dimensions imposantes, la 10'5 est très agréable à rider, et l'on peut même se montrer radical et aller se frotter à de solides séries avec la 9'5. Pour ceux qui seraient effrayés à l'idée de naviguer sur des planches aussi longues, il existe un quatrième modèle plus court et plus compact, la Mini tanker 8'6, qui est aussi volumineuse que la 9'5.


Autre avantage non négligeable, ces flotteurs sont moins exigeants en ce qui concerne le choix de la voile. Utiliser un modèle typé surf down the line et peu puissant sur une petite planche peut se révéler ingrat sur un spot gavé de courants et où la brise rentre mal. On navigue la plupart du temps au près, de façon à tenter de se replacer le plus possible au vent. Sur une Kona, la longueur du rail joue un rôle efficace et s'oppose à l'effet de dérive. Même si vous n'êtes pas au planning parce que vous n'avez pas choisi une voile power wave, vous faites un cap plus que correct !


Lors du drop, on emmagasine énormément de vent-vitesse, ce qui permet d'avoir de l'appui lors du bottom. Il reste ensuite à conserver ce fond de puissance pour envoyer un off the lip ou un cutback bien senti. Il faut juste se montrer vigilant lorsque le vent est un peu on shore, et aussi bien surveiller le nose de la planche lors du top turn afin d'éviter de possibles enfournements.


Utiliser ce type de un flotteur permet de multiplier par 10 le nombre de ses sorties dans les déferlantes, et de redécouvrir des spots que l'on avait désertés pour cause de planche unique de 75 litres... C'est le même état d'esprit qu'en SUPsurf : plus de stress si la houle est présente sur le spot, à condition qu'une brise minimale soit présente. Et finies les angoisses d'arriver sur le spot après 3 heures de route, et de passer la journée à attendre du vent fort au sec sur la plage...


Malgré tout, il faut quand même se remettre en question, et accepter d'arriver au line up avec cette "Windsurfer", parfois sous les quolibets des rideurs utilisant des petites planches. Mais cela s'arrête en général dès que vous avez pris une petite dizaine de vagues au nez et à la barbe de vos petits camarades de jeu... dont le compteur est toujours à 0 !


Et puis, il est bon de se rappeler qu'aux débuts du surf et du windsurf du côté des îles Hawaii, tous les pratiquants évoluaient sur de longues planches ! Le take off n'était pas un problème grâce au volume de leurs boards et dans la bonne humeur, ils partageaient les séries parfois à plusieurs sur la même vague. Une situation quasi-inconcevable aujourd'hui. Ce n'est que dans le milieu des années 60 pour le surf, et à la fin des années 70 pour le windsurf, que les planches ont été fortement raccourcies. La zone de take off et d'évolution sur la vague s'est alors réduite comme peau de chagrin, chaque rideur voulant alors s'approprier sa part du gâteau...


Et c'est ainsi que l'on a vu apparaître des tensions sur de nombreux spots, celles-ci débouchant sur la création du localisme. Pour autant, il convient de se montrer respectueux vis-à-vis des autres glisseurs si vous évoluez sur une grande planche. Profitez-en et faites-vous respecter, mais ne squattez pas toutes les séries qui rentrent sur le spot : ça n'est pas parce que vous pouvez attraper toutes les vagues que vous devez le faire!


Même jour, même endroit, 13 h 28.


Bien qu'habitant à deux kilomètres de l'Océan, j'entends pourtant la houle qui déferle sur la plage de Blonville sur mer. Il est temps de charger sur le toit de mon break ma 9'5 Kona TT et ma Naish 10'6 Nalu, puis d'aller profiter en toute sérénité de ce que Dame Nature a à m'offrir aujourd'hui.


Je resterai ainsi branché à la source...

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