samedi 24 janvier 2015

2) Le roi du lightwind. (2021)


Blonville, Calvados, France, octobre 2008, 14 h 00.

Fabrice Beaux est de passage dans la région. Il vient rendre visite à ses amis François Briard et Jean-Antoine Souyris, qui sont aussi ses sponsors pour la marque de surfwear Northmen. Pour ceux d'entre-vous qui ne connaissent pas le jeune homme, Fabrice est l'un de nos meilleurs rideurs français en vagues : il se classe régulièrement dans le top ten lors des épreuves de windsurf organisées dans l'archipel hawaïen où il réside une bonne partie de l'année. Aujourd'hui, les conditions sont prévues modérées par Windguru, avec un vent d'ouest-sud-ouest de l'ordre de 15 à 20 noeuds, et peu de houle significative. Les vagues risquent de manquer de consistance, mais avec Fabrice, nous nous sommes quand même donné rendez-vous au centre nautique de Blonville sur mer.

J'y arrive en début début d'après-midi équipé d'un flotteur Freewave de 95 litres et de voiles dont la surface est comprise entre 5 et 6 m². Je suis d'humeur à faire de la planche à voile aujourd'hui et comme les branches des arbres de mon jardin s'agitent très correctement, j'ai laissé le SUP dans le garage... Fatale erreur ! Après une demi-heure de navigation au planing, le vent tombe à 8-10 noeuds, nous octroyant encore la force de passer la barre les pieds dans l'eau puis d'attraper quelques séries que nous surfons frontside. Encore un petit quart d'heure de ce régime, et le vent perd définitivement en puissance pour finalement se stabiliser à 6-8 noeuds. Les vagues, elles, se mettent subitement à grossir pour atteindre un joli mètre vingt. C'est le moment que choisit Fabrice pour nous rejoindre sur le spot.

Après les salutations d'usage, celui-ci me montre ses toutes nouvelles RRD Twinser Wave de 76 et 84 litres. Après des années d'utilisation d'un single ou d'un thruster dans les vagues, c'est en ce moment la révolution sur tous les spots de la planète. Beaucoup de rideurs ne jurent plus que par ces planches munies de 2 ailerons. Kauli Seadi a été le premier professionnel à remettre à l'ordre du jour cette configuration de dérives sur ses prototypes JP Australia shapés par Keith Teboul. L'avantage est de pouvoir augmenter le nombre de virages sur l'épaule de la vague tout en restant plus facilement au coeur de celle-ci. Vu les conditions, ce n'est pas aujourd'hui que l'on va pouvoir profiter de cette avancée technologique et plutôt que de rester à regarder la mer assis sur la digue, je propose à Fabrice de lui prêter un surf. '' Non merci, mais ne t'inquiètes pas, je vais aller visser mes footstraps sur mes 2 planches puis tenter d'attraper quelques vagues !'', voilà pour sa réponse. Et tandis que je me dirige vers le line up en ramant sur ma 10 pieds Bob Pearson, je pense en mon fort intérieur qu'il ne va pas tarder à revenir rapidement sur sa décision après sa séance de bricolage... 

Les séries sont plutôt sympathiques à rider en longboard car elles ouvrent correctement en gauche, et après quinze minutes de glisse, j'aperçois tout à coup Fabrice qui s'avance sur la plage armé de sa 84 litres et d'une 5.2 Neil Pryde... Zone ! Mise au point par Jason Polakow et Robert Stroj, c'est la voile la moins puissante de la marque, connue pour sa grande finesse et ses aptitudes à se faire oublier au surf down the line dans de solides conditions... Tout le contraire d'aujourd'hui, ce qui n'empêche pas notre hawaïen de service de rejoindre le pic en deux coups de cuillère à pot puis de commencer son festival ! Dans un souffle asthmatique, il arrive en jouant les équilibristes, à se placer sur la plus grosse vague de la série puis à suffisamment lofer pour regagner le terrain perdu pendant  le passage de la barre. Arrivé dans la zone d'impact, il abat alors plein largue sur l'épaule, de manière à générer le maximum de vitesse, puis s'en va taper 2 ou 3 rollers de belle facture. Grâce à sa technique affûtée dans le petit temps et maintenant la petite taille de ses 2 ailerons, ses prises de carre sont très appuyées lors du bottom turn, et il nous gratifie en plus de jolis slashs en fin de off the lip. Gaël Pilastre, l'un des responsables du club, profite de l'occasion pour sortir son appareil photo après avoir rangé son aile et sa planche de kitesurf. L'un de ses clichés aura les faveurs de la presse spécialisée et paraîtra  dans Wind Magazine.

16 h 45, même endroit.

Il est temps de ranger mon matériel et de filer chercher ma fille Agathe à l'école primaire. En faisant demi-tour sur la digue, je constate que le vent a repris des tours et qu'il souffle maintenant à 12-15 noeuds. Fabrice est au taquet au surf, et ma dernière image de lui est un aérial off the lip à plus d'1 m 50 au dessus de la vague, après une impulsion digne d'un gymnaste sur un trampoline ! Oui, décidément, le garçon est vraiment très doué dans le lightwind...

2 commentaires:

  1. Sympa tes anecdotes Fabrice! par contre, je ne reconnais pas bien le spot de Blonville sur la photo... ;-)

    Needle

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  2. Oh que non ! J'ai choisi une photo de Mister Beaux à Hookipa pour bien montrer les gerbes d'eau que l'animal est capable d'envoyer en top turn !

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