samedi 24 janvier 2015

12) Tintin au pays des SUPeurs. (2021)


En mai 2010, j'ai eu la chance de participer à la toute première épreuve de la Coupe du Monde de Stand Up Paddle Surf organisée en France. J'ai également couvert cet événement pour le compte de Sup Magazine. Voici le texte original de l'article que j'ai envoyé à la rédaction du magazine.

Tout commence par un frais matin d'avril en Normandie, alors que j'apporte la touche finale à un article à paraître dans le SUP Mag n° 3. Celui-ci annonce la tenue sur la plage de la Chambre d'Amour à Anglet de la première épreuve française de la Coupe du Monde de SUP dans les vagues, du 8 au 16 mai 2010. Souhaitant apporter un complément d'information aux lecteurs désireux de se confronter avec les meilleurs SUPers français et européens, je contacte par e-mail Tristan Boxford, le grand gourou hawaïen de la Waterman League et donc responsable des inscriptions...


 ''Salut Tristan, c'est Fabrice de chez SUP Magazine. Pourrais-tu me dire s'il reste des places pour les Trials d'Anglet les 8 et 9 mai ?''

''Oui. Pourquoi? Tu veux t'inscrire ??? Aloha. Tristan.''

Damned ! Cela n'était pas vraiment la réponse attendue mais au final, l'idée de passer un peu de bon temps pendant quelques jours dans le Sud-Ouest et de tremper ma pagaie dans un bon swell atlantique fait petit à petit son chemin... Après un coup de fil à ma rédac'chef et une visite du site web d'Air France/KLM pour m'assurer de la disponibilité d'un vol Caen-Biarritz, ma décision est prise : je vais arrêter le temps d'un week-end de jouer les champions du monde de mon quartier sur les vagues de Trouville et aller me frotter pour le plaisir à la crème des SUPers de la planète bleue !



Top Guns.


Il y a du bien beau monde inscrit à ces Trials :


- le franco-espagnol Christophe Roguet, qui vient de s'illustrer dernièrement en chargeant du gros sur le spot de Balnéario à Tarifa,

-Chris ''Guts'' Griffiths, rider gallois expérimenté bien connu chez nos amis anglo-saxons,
- Brandon Rambo, un rider U.S au dents longues,
- Ikaika Kawai, un solide gaillard spécialement venu des îles Sandwich...
- John Hibbard, champion d'Angleterre en 2008,
- l'espagnol Ibon Amatriain, un des surfers qui a eu le cran de s'attaquer à Belharra en surf traditionnel,
- Edouardo Bagé, top-longboarder brésilien vivant en France, etc.

Quant aux français, ils sont bien sûr nombreux à s'être rapidement inscrits pour tenter de briller et rejoindre le tableau final. Citons entre autres :

- le hyèrois Alexandre Grégoire, un des meilleurs waterman français toutes disciplines confondues, toujours placé sur les compètes de Race, et loin d'être manchot dans les vagues,
- Stéphane Etienne, venu pour l'occasion de Fuerteventura aux Canaries, et qui pourrait bien  créer la surprise,
- Laurent Pujol, un shortboarder réputé pour son sens du barrel,
- Yann Bénétrix, un des pionniers du tow-in sur la Côte Basque,
- Alexis Deniel, un des meilleurs longboarder européen et récent vainqueur du Festival de Dakhla,
- David ''Davo'' Latastère, le chargeur des Landes,
- Rémi Quique, troisième de la North Point Wave Classic 2009,
- Bruno André, vice-champion de France, sans oublier
- Fanny Oronos, la seule fille à s'être inscrite à cette compétition !

Ne cherchez pas les Greg Closier, Xabi Lafitte, Patrick Patuariitéa, Xavier Leroy, Eric Terrien, Jéremy Boisson, ou encore Jéremy Massière : ces 7 riders  se sont vus attribuer par l'organisation une Wildcard  tout à fait méritée ! Pendant que nous nous étriperont à grands coups  de bottoms et de rollers, ces petits veinards pourront continuer de  siroter quelques cocktails au Bar de la Plage avant d'aller directement rejoindre dans le Main Event  les cadors mondiaux de la discipline, tels que Kai Lenny, Peyo Lizarazu, Kainoa Mac Gee, Rico Leroy, Colin Mac Philips, etc.


Anglet nous voilà!


Le volcan islandais Eyjafjallajokull ayant enfin fini de faire parler de lui, et surtout de clouer les flottes des compagnies aériennes au sol, je profite du vol qui m'emmène de la Normandie vers la Côte Basque et de l'escale à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry pour me détendre après une bonne semaine de boulot.


Côté matos, il a bien fallu faire avec les nouvelles  règles de transport en vigueur chez Air France/KLM, lesquels ont tout à coup décidé de se fâcher avec tous les riders voyageant par avion. Pas plus d'1 m 58 de longueur pour tout objet en soute ! J'ai donc dû me résoudre à voyager léger, avec seulement dans mes bagages combinaisons et pagaies en deux parties :  merci Oxbow  ! Pour ce qui est de la planche que je vais utiliser, ça sent ''l' arrache'' : il va  falloir que j'emprunte un flotteur à un autre compétiteur... Bon, cela dit, je compte aussi sur un plan B :  un Salon du SUP, qui doit se tenir sur le site de la compétition, et sur lequel j'ai bien l' intention de réquisitionner une planche chez une de mes marques préférée.


Cela fait un sacré bail que je n'ai pas participé à une compète. Mes dernières campagnes hawaiiennes de windsurf en vue de participer aux trials de l'Aloha Classic de Maui et mon unique tour dans le bassin de l' Indoor de Paris-Bercy remontent à ... 1992 ! A part une deuxième place en 2003 au Northmen Challenge, une épreuve de longboard à la cool regroupant  sur invitation les meilleurs normands sur la réputée plage de Siouville dans le Cotentin, mon press-book des dernières années ressemble comme deux gouttes d'eau au désert du Sahara...


Alors pour reprendre du service à 45 ans dans de bonnes conditions, essayons de nous souvenir des grands principes d'un heat bien géré. Surtout assurer ses premières vagues pour marquer un minimum de points et faire bonne impression auprès des juges dès le début de la manche, ne pas ramer comme un dératé et sauter sur toutes les séries qui rentrent  pour ne pas s'épuiser prématurément, surveiller ses adversaires et faire gaffe aux interférences, et enfin, si on pense que l'on ne va pas passer au tour suivant, tout donner dans les dernières minutes, quitte à prendre une bonne rouste dans le shore break!



''Mesdames et Messieurs, veuillez attacher votre ceinture, nous commençons notre descente vers l'aéroport de Biarritz-Bayonne-Anglet.''


Surfers Paradise.


La région de Biarritz constitue sans conteste l'épicentre culturel et sportif des sports de glisse en Europe. Tout y a commencé en 1956, lorsque le cinéaste hollywoodien et surfeur de Malibu Dick Zanuck vient en tournage sur la Côte Basque. Il y découvre alors des vagues de qualité et vierges de tout rider, et il n'hésite pas un instant à faire venir sa planche par bateau depuis la Californie ! Zanuck reparti aux Etats-Unis avant que sa planche ne soit arrivée, c'est finalement le scénariste et néophyte Peter Viertel qui aura le redoutable honneur de se jeter à l'eau sur la plage de la Côte des Basques sous les yeux d'un public interloqué.


Beaucoup d'autres le suivront à l'époque :  Jacky Rott, un Landais ayant déjà réalisé quelques tentatives infructueuses sur une planche de bois après avoir  vu dans un film une scène de surf à Honolulu, Georges Henebutte, grand sportif et inventeur du leash, Jöel de Rosnay, jeune étudiant enthousiaste, Michel Barland, qui mettra au point la première machine à shaper, Jo Moraiz, qui consacrera sa vie à l'enseignement du surf, etc, cette joyeuse bande constituant ce que l'on appelera des annés plus tard les célèbres ''Tontons surfeurs'' !


De nos jours, on  ne compte plus les riders en tout genre glissant sur les vagues du Sud-Ouest. Il faut dire que l'on y trouve sur une petite dizaine de kilomètres des spots réputés que nous envient les surfeurs du monde entier :  Guéthary, les Alcyons, la Grande Plage,etc, sans compter les fameux barrels landais situés à moins d'une heure de route. Nombreux sont les surfeurs californiens ou australiens, attirés par la douceur de vivre à la française, qui ont fait le choix de venir vivre ici une grande partie de l'année, ou bien de s'y installer définitivement.


Le SUP a quant à lui fait son apparition dans la région il y a environ 5 ans. En mai 2006, Laird Hamilton est venu sur la Côte Basque et l'animal y a réalisé vêtu d'un simple boardshort une magnifique démonstration sur la solide droite de Parlementia. Peyo Lizarazu, surfeur renommé dans le Sud-ouest et qui s'était déjà essayé aux techniques du ''surf debout à la rame'' l' année précédente, est allé demandé des conseils à Laird en personne et celui-ci a même accepté de lui prêter sa planche  pendant deux jours ! Peyo et le shaper Michel Barland l'ont ausculté de près et ont alors élaboré un premier flotteur de 12 pieds. Beaucoup d'autres ont suivi pendant l'été 2006, comme le waterman landais Eric ''Rico'' Leroy ou encore Fred Branger, un français spécialisé dans le surf tandem et pratiquant le stand up paddle depuis 2004 initié par Scott Bass en Californie.


Jour 1 : ambiance, ambiance...

Vendredi 7 mai 2010, 18 h 30, aéroport de Biarritz-Anglet-Bayonne.

Dès l'aérogare, j'ai senti le choc ! Encarts publicitaires géants à la gloire des majors de la glisse et teen-agers aux  mèches décolorées par le soleil et tchatchant à qui mieux mieux à propos de leur dernière session : bienvenue au royaume français de la glisse ! D'autant que je découvre au terminal à bagages un Ikaika Kawaii affalé dans ses boardbags, peinant à se remettre de ses 22 heures de vol depuis l'archipel hawaïen. Un peu plus loin, Stéphane Etienne et Nicole Boronat sont quant à eux occupés à récupérer leur matériel. Direction le parking pour y récupérer ma voiture de location : je croise en chemin un certain Kai Lenny venu chercher ses petits camarades de jeu...


Après avoir retrouvé Thomas Martin, un pote trouvillais en stage chez O'Neill France et qui m' assure le gîte et le couvert pour ces trois jours, direction la plage de la Chambre d'Amour. Sur le site retenu pour la compétition,  de nombreuses marques (C4 Waterman, PSH, Ron House, Gerry Lopez, FCS, Surtech, NSP, Naish, AHD, Nah Skwell, Starboard, etc) ont hissé leurs couleurs sous la forme de stands, le tout formant un sympathique village de la glisse. Je salue Alexandre Ponot, le responsable de la société Enbata et co-organisateur de l'événement aux côtés d'Alain Sévellec (Gliss Expo, c'était lui !), et qui s'affaire dans tous les sens à quelques heures maintenant du début de l'épreuve.


Je file ensuite observer les paddlesurfers présents à l'eau. C'est tout petit et les séries sont irrégulières mais le moindre bout de vagues est lacéré dans les règles de l'art par Alexis Deniel, Grégory Closier, ou encore un Stéphane Etienne frigorifié. Malgré l'heure tardive, je ne résiste pas à l'envie d' une petite session  et le plan B fonctionne à merveille grâce à Yann N'Guyen, le big boss de Naish France : ''tu prends tout le matos dont tu as besoin !''. Merci M'sieur ! Le temps d' enfiler un shorty, et je pars rejoindre au line up la jeune Fanny  Oronos, nouvelle recrue du team Paddle Surf Hawaii, Sébatien Minvielle et le rider espagnol Daniel Casais.


C'est vraiment minuscule mais il y a quelques bouts à prendre dans la bonne humeur au moment où le soleil commence à se coucher sur la mer. Une petite dernière et au lit car demain, les choses sérieuses commencent !


Jour 2 : maudite marée!

8 mai 2010, 7 heures du matin, plage de la Chambre d'Amour.

Les prévisions météo s' avèrent malheureusement exactes : le swell est maigre mais il y a quand même de petites séries qui viennent lécher le sable des plages d'Anglet. Le site retenu pour la compétition est situé entre deux digues, à quelques encablures du spot du VVF. Benjamin Jacquet, le responsable du SUP Tribe Shop, un tout nouveau magasin dédié à 100 % au stand up paddlesurf, y a vécu une mésaventure dont il se serait bien passé. Pourtant expérimenté et habitué des lieux, il s'est fait surprendre au printemps par une série plus imposante que les autres et s'est fait jeter par celle-ci dans les blocs ! Grosse frayeur et finalement plus de peur que de mal mais un bonhomme et une board PSH quand même bien amochés. Voilà un facteur supplémentaire dont il va falloir tenir compte si la houle grossit.


Mais pour l'instant, il y a bien peu de chance pour que Tristan Boxford  nous envoie au charbon ! Tous les rideurs se présentent donc au compte-goutte à la tente de l'organisation pour la confirmation de leur inscription. Remplissage  du formulaire, règlement  des 70 Euros et récupération du tee-shirt officiel, ainsi que du bracelet compétiteur. Celui-ci est à garder au poignet pendant toute la durée de l'épreuve pour accéder à différents services comme les soins prodigués par un ostéophate, ou bien des boissons à volonté. L'ambiance est vraiment cool, la plupart des rideurs s'étant déjà rencontré lors de compétions internationales de surf ou windsurf, et après un moment passé à faire la causette avec Bruno André, je retourne voir le spot pour checker les conditions.


Surprise, il y a de jolies petites lignes qui rentrent mais surtout, quelques rideurs du Main Event s'entraînent. Sous le soleil et les objectifs des photographes, on peut apercevoir Xavier Leroy  envoyer des cutbacks radicaux sur sa 7'4 Skud, Duane de Soto jouer du hangten sur le bout du nose de sa Jeff Johnston, et Stéphane Iralour se régler au bottom sur une des dernières créations d'Alain Minvielle, le shaper du vice-champion du monde de longboard Antoine Delpero. Mais le meilleur reste à venir et un frisson parcourt la foule lorsque Kai Lenny en personne se met à l'eau armé d'un minuscule proto Naish 7'3 bat-tail monté en quattro. Le récent vainqueur de l'épreuve de Sunset dans des séries de 4 à 5 mètres est aussi très à l'aise dans des petites conditions et dès ses premières manoeuvres, il est clair que le jeune hawaîen haut comme trois pommes est un cran au dessus des autres. Sa lecture de la vague est parfaite, ses bottom turns sont fluides et appuyés, et ses off the lip éxécutés à la manière d'un chat retombant toujours sur ses pattes! Il utilise une pagaie courte qui lui apporte un surplus de vivacité  et possède, à l'image des skaters, un sacré sens de l'équilibre en sortie de vagues ou  bien pour passer la barre, n'hésitant pas à tenir sa pagaie d'une seule main et à réaliser une pirouette sur sa planche afin de retrouver en marche arrière mais au sec.


Une demi-heure plus tard, toute ce beau monde rentre sur la plage car avec la marée montante, il y a trop de fond dans l'inside et les vagues ne déferlent plus... Cela ne présage rien de bon et cette désagréable impression est confirmée peu de temps après par Tristan Boxford lors du premier briefing. Après nous avoir souhaité la bienvenue, il nous met en stand-by jusqu'à 14 h 00, heure à laquelle il nous annoncera finalement le report du début  des Trials au dimanche matin 7 h 00.


Sous le soleil, je passe un bonne partie de l'après-midi en compagnie de coureurs ou de responsables des marques, à prendre des clichés des flotteurs et des pagaies : Jean-Philippe Wuilmart et ses PSH/Kialoa, Bruno André et ses Nah Skwell/Sélect, Olivier Madar et ses Outside Reef, Alexandre Grégoire et ses Naish, Benoit Brecq et ses Surftech, etc.  Je surprend Ekolu Kalama avec des marqueurs indélébiles en train de décorer sa planche aux couleurs de l'archipel hawaien. Tout en m'expliquant qu'il a mis cinq jours à se remettre de la course Molokai-Oahu, celui-ci se prête bien volontiers au rituel de la photo-portrait, hang loose à l'appui. Idem pour Chris Bertish , un réputé longboarder sud-africain désabusé et qui essaye de garder le moral : ces planches se sont un fois de plus égarées lors d'une correspondance aérienne !


Je me dirige ensuite vers la cabane des juges afin d'y prendre connaissance des critères de notations : ne sont retenues que les deux meilleurs vagues de la série, priorité est donnée au shortboard style et à une utilisation maximale et pertinente de la pagaie. J'en profite pour échanger quelques mots avec Buzzy Kerbox, co-inventeur avec Laird Hamilton et Darrick Doerner de la technique du tow-in en surf, et qui officie comme chef-juge sur cette étape du Stand Up World Tour. Kai Lenny et ''l' iroquois'' Kainoa Mac Gee signent des autographes sur le stand Oxbow, tandis que sur le spot, de nombreux SUPeurs débutants testent le matériel mis gracieusement à leur disposition par les marques. Certains en profitent même pour donner leurs premiers coups de pagaies. Au sud de la baie, on aperçoit le phare de Biarritz qui se dresse au sommet des falaises, et qui constitue un objectif de choix pour une randonnée. C'est le cas de Buzzy qui s'offre une petite balade. Celui qui a traversé la Manche en paddleboard aux côtés de Laird arrive régulièrement placé lors des courses inter-îles organisées à  Hawaii et il en profite pour tester un des protos Nidecker de Race d'Abel Cathelineau : on  ne se refait pas ! La mer est plate mais on sent bien qu' il y a un petit fond de houle, alors Colin Mac Philips, Duane de Soto, Eric Terrien et Greg Closier nous abandonnent pendant quelques heures pour rejoindre un spot situé au sud des Landes et profiter de bons bancs de sable.


Vers, 18 h 00, lorsque la mer se met à redescendre, les vagues reviennent!  En 5 minutes, c'est l'effervescence générale et de nombreux concurrents courent comme des dératés chercher leur board de vague et rejoindre le pic. Mais il est malheureusement trop tard pour lancer quoi que ce soit. Tant pis, on se contentera à nouveau d'une ''Sunset Session'' à la Endless Summer...



Jour 3 : action!

6 plombes du mât, pluie du genre crachin breton et léger vent off shore...

Il fait encore nuit lorsque je déboule sur le parking de la Chambre d'Amour. Le swell est prévu grossissant pour aujourd'hui, avec des vagues de l'ordre d'un mètre vingt, et dans la pénombre, on distingue quelques bonnes séries qui rentrent entre les digues. A 6 h 45, Tristan Boxford s'assure de la présence des 4 rideurs du premier heat et de vagues suffisantes, et  15 minutes plus tard, c'est parti !


Les deux premiers de chaque poule sont qualifiés pour le tour suivant et lors de ce premiers affrontement, Christophe Roguet et Daniel Casais font les frais de la plus grande consistance de Kyle Mochizuki et Brandon Rambo. Les vagues déroulent correctement en droites et en gauches, à proximité des digues qui délimitent la plage de l'Anglet Surf Club, mais il y a parfois un backwash vicelard au moment d'engager le bottom, et plus d'un concurrent  va se se faire brasser dans le shorebreak.


Dans la poule n°2,   Chris ''Guts'' Griffits et l'efficace Rémy Quique s'imposent devant Gérard Bensoussan et Eduardo Diaz. La poule n°3 voit s' affronter dans un duel fratricide Alex Grégoire, Bruno André et  Alexis Deniel ! La tension est palpable dans ce heat où Alex ne semble pas au meilleur de sa forme, avec notamment une lecture de vague moins précise que d'habitude, et il se fait logiquement éliminer. Au cours du quatrième heat, Chuck Glynn et David Latastère prennent le dessus sur Guillaume Barucq, l'auteur de l'ouvrage ''Surf prévention'', et aussi sur Abel Cathelineau, ce dernier ayant pourtant passé l'heure qui précède sur la plage voisine ''à faire chauffer le moteur !''.


Pendant ce temps, je pars enfiler ma combinaison et après un petit échauffement, récupérer un lycra compétiteur car j'entre dans l'arène lors de la poule suivante. Le tirage au sort m'a désigné comme adversaire du jour Fred Branger, le rider espagnol Belarmino Diaz et surtout John Hibbard, le chef de file anglais du team Starboard. Je ne fais guère d'illusion sur mes chances d'accéder au tour suivant et je décide donc de profiter à fond des 20 minutes du heat en choisissant un flotteur volumineux et typé longboard. J'espère ainsi attraper un max de vagues, pouvoir évoluer à une distance raisonnable de l'épaule en cas de besoin et ainsi éviter de me faire prendre dans le rouleau du bord en mode essorage.


Je reçois les encouragements d'Eric Terrien au moment de la mise à l' eau : c'est toujours sympa à un moment où, sous le feu des objectifs des caméras et des appareils photo, la pression commence un peu à monter... Direction le large et au coup de trompe, c'est l'adrénaline qui prend comme d' habitude le relais ! C'est Belarmino Diaz qui ouvre les hostilités en scorant à plusieurs reprises de jolis turns sur des gauches correctes au sud du plan d'eau, tandis qu'avec Fred et John, nous attendons avec impatience l'arrivée de droites près de la digue. Celles-ci se révèlent plutôt courtes et je décide d'aller passer la majeure partie du temps restant sur la gauche du plan d'eau. Ca ouvre nettement mieux et je réussi à attraper une dizaine de vagues plus ou moins bien notées car avec la planche que j'ai choisie, je m'impose facilement au take off mais je manque bien évidemment de verticalité dans les manoeuvres.


Je surveille du coin de l'oeil mes adversaires : John Hibbard semble intouchable, tapant des rollers contrôlés pendant toute la manche, Belarmino connait une petite baisse de régime sur sa Gerry Lopez, tandis que Fred assure de plus en plus ses trajectoires, sauf  au moment où il m'envoie le rail de sa PSH dans la cuisse droite au détour d'une série qui ferme et le balaye irrémédiablement... Je dérouille un peu mais bon, de toute façon, il ne reste que 30 secondes et les jeux sont déjà faits!


Retour sur le rivage pour une poignée de mains entre tous les rideurs, une courte itw de MVL Production qui souhaite connaître notre sentiment sur les conditions, et direction le tableau d' affichage pour y attendre les résultats. Si j'ai finalement réussi à surclasser Belarmino Diaz, je suis un cran en dessous de Fred Branger mais surtout de John Hibbard : ces deux-là auront donc la chance d'aller voir ce qui se passe au deuxième tour.


J'apprendrai quelques jours plus tard que ces deux gaillards ont finalement réussi à intégrer le Main Event en compagnie de 9 autres riders : Brandon Rambo, Rémi Quique, Alexis Deniel, David Latastère, Remi Arauzo, Benoit Brecq, Laurent Pujol, Sébastien Minvielle et surtout Ikaika Kawaï !  Celui-ci assure le show en se  présentant à son heat en short et lycra, et réalise surtout lors de celui-ci plusieurs slashs en béton armé !


Sur les coups de 14 h 00, l'organisation décide de stopper la compétition, la marée étant trop haute pour que les vagues puissent déferler. Après un peu de repos et un dernier tour des stands pour saluer tout le monde, je dois me résoudre à quitter le site de la compétition la tête pleine de souvenirs.


En roulant vers l'aéroport, je mesure la chance que j'ai eue d'avoir pu participer à cette grande première en France. Bien sûr, il y a fort à parier que le SUP World Tour fasse de nouveau escale dans l'hexagone dans les années à venir mais le niveau exigible pour participer aux Trials  d'une telle épreuve risque de monter en flèche! Tristan Boxford déclarait d'ailleurs à ce propos dans une interview récente que vu l'ampleur que prenait le phénomène SUP en compétition, il envisageait sérieusement de sélectionner les candidats aux Trials sur la base des classements nationaux des fédérations.


En tous cas, je vous souhaite à tous de vivre une telle expérience et quant à moi, si l'occasion se présente à nouveau, je resigne de suite !

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