samedi 24 janvier 2015

20) Gwada i bon. (2021)


Février 2010, tarmac de l'aéroport d'Orly, France.

Bien que je sois à bord du boeing d'Air France qui m'emmène vers Pointe-à-Pitre pour un petit windsurf/SUP trip d'une quinzaine de jours, j'ai le moral à zéro...


Les prévisions de vent et de houle sont plutôt favorables, avec notamment un bon swell de nord qui devrait faire fonctionner le spot de Port-Louis à plein régime. Mais malheureusement, le volcan de l'île de Monserrat situé à quelques encablures de la Guadeloupe a eu la mauvaise idée de se réveiller il y a quelques jours ! L'explosion du cratère a généré un panache de fumées s'élevant à plus de 10 kilomètres de hauteur, et comme l'alizé de nord-est fréquent en cette saison est en panne depuis 2 semaines, il n'a pas éloigné les cendres volcaniques vers le Vénézuela : l'île-papillon est donc recouverte d'une couche de poussière de 2 à 5 cm!


Les écoles sont fermées, la pratique du sport vivement déconseillée voire interdite, et la plupart des habitants portent un masque de protection, surtout les enfants. Les particules susceptibles d'être inhalées et d'investir les poumons ont une très petite taille. Et bien que le chef du service de pneumologie du C.H.U de Caen m'ait indiqué que dans le cas d'une exposition courte, nous ne risquons pas de développer la silicose du mineur du début du siècle, je ne suis pas très rassuré à l'idée d'emmener en Guadeloupe mes enfants de 15 et 12 ans...


D'autant qu'une fois posés au sol, cela commence mal : le pilote de l'avion nous annonce qu'il éteint immédiatement ses réacteurs de manière à ce que les poussières ne s'introduisent pas dans les turbines et ne les endommagent irrémédiablement...


Une fois sortis de l'aéroport, nous constatons que l'air est très sec, et bien que les routes aient été lavées à grande eau par les habitants ou bien par quelques rares averses, il reste encore beaucoup de cendres sur les feuilles des palmiers. L'odeur de fumée est intense à la tombée du jour, lorsque le peu de vent présent en journée tombe complètement. Malgré quelques belles sessions de surf et de SUP sur les spots de l'île, notre séjour se fera le ventre noué, dans la crainte d'une seconde éruption...


Lundi 13 février 2012, Sainte-Anne, Guadeloupe, France.


Nous voici à nouveau dans les Antilles Françaises, mais cette fois-ci de façon bien plus détendue !

Venir dans cette région n'est certes pas sans danger, entre les fréquents tremblements de terre, les cyclones (heureusement très rares en cette saison), la dengue, cette maladie caractérisée par une forte fièvre et véhiculée par les moustiques, et une éventuelle morsure au mollet causée par un barracuda (d'après le journal local, c'est déjà arrivé sur la plage de Gosier !). Mais en terme de probabilité, vous avez plus de chance de vous retrouver aux urgences de l'hôpital de Pointe-à-Pitre après avoir heurté le reef suite à un take off raté... La caye n'est en effet jamais bien loin sur les spots de Gwada, et nous vous recommandons vivement le port de chaussons à semelles épaisses car le reef est truffé d'oursins.


Nous logeons dans l'un des bungalows Malueva de Junio Tolomei, un italien arrivé sur l'île en 1982, et l'un des pionniers du windsurf à Sainte-Anne.En compagnie de sa femme Laurence, il a tenu pendant plusieurs années le centre LCS Funboard à l'entrée de la plage de la Caravelle. Les chiens ne faisant pas des chats, son fils Luca est lui aussi un passionné de sports de glisse : il est champion du monde jeune de slalom.


Le lendemain de notre arrivée, je retrouve mon ami normand Gilles Ade à Port-Louis. C'est le responsable de SUP'in Guadeloupe, et si vous êtes de passage sur l'île, il pourra vous louer du matériel de SUP, de la 8'6 Wave  à la 12'6 Race. Si vous le souhaitez, il pourra également vous guider sur les spots les plus appropriés à votre niveau, mais aussi vous emmener faire une randonnée dans des endroits magnifiques, comme la superbe mangrove du Moule.


Pour l'heure, je récupère auprès de lui une planche et une pagaie, et après lui avoir donné des nouvelles de la métropole, je pars prendre mes premières vagues de la journée sur la gauche du Souffleur. C'est un spot de débutant qui ressemble à Waikiki : l'ambiance y est très cool, avec seulement quelques longboardeurs et bodyboardeurs à l'eau, et qui ont le sourire en plus ! La vague y est en général modeste, de l'ordre du mètre, et elle ouvre très régulièrement en gauche. Il y a un peu de backwash lorsque l'on se rapproche du bord, un peu comme sur le mythique spot de Makaha, sur la côte ouest de l'île d'Oahu à Hawaii. Mais avec ma planche, ça passe très bien !


Pour ce séjour tranquille (c'est les vacances !), je me suis muni d'une 10'6 Nah Skwell de 75 cm de large, et j'avoue être agréablement surpris par l'engin. Niveau stabilité et comportement général, j'ai l'impression de rider la 10'6 Pearson Arrow de Laird Hamilton. De plus, Gilles a remplacé l'aileron d'origine par un plus petit boostant les performances du flotteur pendant les bottom et les top turns :  je me régale sur cette "big board", alors que les autres SUPeurs présents au pic doivent se contenter de rides bien poussifs sur leurs planches de 9 pieds.


Il est temps maintenant de remonter quelques centaines de mètres vers le nord, et de rejoindre le pic principal de Port-Louis. Les vagues y sont comme d'habitude très belles, avec quelques gauches en face de la cabane mais surtout de longues droites qui atteignent aujourd'hui le mètre cinquante dans les meilleurs séries. Il y a du monde au pic, mais l'ambiance est bonne malgré la présence au line up de plusieurs SUPeurs, car ceux-ci connaissent les règles de priorité mais surtout les appliquent. De plus, ils changent régulièrement de place sur le reef pour que tout le monde ait droit à sa part du gâteau ! Cela n'était malheureusement pas le cas hier, et un paddlesurfeur débutant, n'ayant rien à faire ici et donc dangereux pour les autres rideurs, s'est fait sortir de l'eau par des  surfeurs à juste titre en colère.


Je croise Raphaël Selles, en plein test de ses flotteurs SUPrem, et qui devraient sortir en shop vers le mois de mai. Après quelques bons rides en sa compagnie, je me décale vers la pointe d'Antigues pour y shooter avec précaution quelques droites rapides à proximité de la ''table d'opération''... Pour ceux qui ne connaissent pas l'endroit, c'est le charmant nom donné par les locaux au redoutable reef qui vous attend si vous ratez votre take off : vous finirez alors le corps en charpie sur celui-ci. Inutile de vous dire qu'il faut être bien concentré lors de la manoeuvre !


Après un dernier late take off vraiment chaud suivi d'une petite casquette involontaire dans l'inside, je décide prudemment d'abandonner la partie et de rentrer à la plage du Souffleur. Je me sers donc de quelques droites pour revenir à bon port sans trop d'effort, en me méfiant comme de la peste de la portion de reef située devant le cimetière car avec la marée basse, celle-ci est quasiment à sec.


Les navigations des jours suivants seront de la même veine, c'est à dire :


1) une session magique sur la vague de Petit-Havre : l'alizé a soufflé suffisamment fort dans la nuit pour lever une belle petite houle en mer des Caraîbes, et il est tombé complètement le matin. C'est rare en cette saison hivernale, mais dans ce cas, il a des gauches magnifiques d'un bon 1 m qui s'enroulent à la perfection autour du reef. Il faut juste bien faire attention à la patate de corail au-dessus de laquelle on passe en sortant de la vague !


2) de bons petits rides sur la droite de l'Anse à la Bouelle en compagnie de mon fils Antoine. La gauche, elle, est impraticable à cause des algues de la mer des Sargasses qui sont arrivées sur l'île suite à un changements des courants marins : elles bloquent d'un coup les ailerons du rideur au take off ! 


3) une session de SUPsurfing dans le vent sur la vague de la Caravelle, en face du Club Med, et en compagnie de mon ami Emmanuel Manu Baudon qui envoie tant bien que mal du roller en kite strapless dans une brise asthmatique,


4) et enfin une superbe balade en famille dans la mangrove du Moule la veille du départ, avec au programme, l'observation des différentes espèces de palétuviers, de crabes rouges, mais aussi du fameux tarpon, un poisson qui ravit les amateurs de pêche sportives et dont la taille peut atteindre 2 m 50. Si vous apercevez un gros remous près de votre planche, ou quelque chose qui ressemble à un aileron en train de zigzaguer au milieu du plan d'eau, c'est la bête !


Cette année, je n'ai pas eu l'occasion d'aller jouer dans le fameux bowl de Sainte-Anne, situé en face de la plage de la Komunal. Pas assez de vent pour sortir le flotteur de windsurf et envoyer des rollers endiablés sur cette vague courte mais très propice aux aérials, et pas assez de houle sur la côte sud lorsque nous revenions d'une session.

Mais je reviendrai un jour, c'est sûr, pour me faire pardonner cette infidélité : quand on est tombé sous le charme de la Guadeloupe, c'est pour toujours!

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