samedi 24 janvier 2015

29) La Torche en feu ! (2021)


Samedi 15 octobre 2011, 12 h 50, spot de Trouville, Normandie, France.

Comme souvent à cette époque, l'été indien s'installe pour quelques jours sur les rivages normands. Il fait un temps magnifique, et les plages d'habitude fréquentées par quelques promeneurs ou rideurs en quête de glisse sont tout à coup prises d'assaut comme en plein été ! Pour couronner le tout, il n'y a pas de houle en Manche, même pas un petit swell atlantique qui aurait réussi à se faufiler entre le Cotentin et l'Angleterre pour ensuite venir déferler sur les plages du Calvados.


Dépité, je m'installe confortablement dans mon hamac et des pensées nostalgiques m'entraînent tout à coup vers ce joli mois de mai 2011, lors de l'étape du SUPWT organisée pour la première fois à la Torche....


Dimanche 1er mai 2011, 16 h30, plage de la Torche, Bretagne, France.


Cela fait une petite dizaine de minutes que je converse tranquillement avec Peyo Lizarazu à propos du type d'ailerons qu'il utilise sur ses flotteurs (pour ceux que cela intéresse, voir le dossier dans le SUP Magazine n°8). Nous sommes confortablement assis dans les dunes, sous un franc soleil, et tout en répondant à mes questions, le Basque observe le plan d'eau d'un oeil attentif. 


Il fait beau et chaud, le vent d'est off shore est quasi-nul, et de belles vagues d'environ 1 mètre 20 déroulent en droite et viennent finir leur course folle en bord de plage près des rochers. Il y a encore un quart d'heure, , les quatre finalistes des trials s'étripaient ici même à grands coups de bottoms serrés et de rollers explosifs (1 : Kody Kerbox, 2 : Kieran Taylor, 3 : Greg " Magic Bottom " Closier, et 4 : Casper Steinfath).


Quelques surfeurs et SUPeurs reprennent maintenant possession des lieux, et Cyril Coste, le designer des planches Lokahi, nous gratifie de jolis top turns parfaitement placés. Une série un peu plus grosse que les autres pointe le bout de son nez à un bon mètre cinquante, et s'en est trop pour Peyo. Il plonge tout à coup son regard dans le mien et lâche un simple mais déterminé : "J'y vais Fabrice".


Bien M'sieur ! Je lâche mon bloc et mon stylo, et après un petit détour express par le parking coureur pour y attraper un leash, une planche et une pagaie, nous voici 5 minutes plus tard au pic. Nous sommes bientôt rejoints par de nombreux autres SUPsurfeurs qui ont eux aussi renfilé leur combinaison humide après la très bonne session du matin.


A part Kai Lenny, Antoine Delpero, Garreth Mac Namara et Eric Terrien (vous êtes où les gars???), et un Ronan Chatain excusé pour cause d'organisation (un grand bravo à lui et à Alexandre Ponot pour tout le travail effectué durant cette étape !), très peu des top SUPeurs de la Waterman League manquent à l'appel... Il faut dire que le Main event commence demain matin, et que c'est donc le bon moment pour un dernier entrainement mais aussi l'occasion de faire forte impression auprès des autres concurrents.


La marée commence à descendre, faisant creuser de bonnes droites qui atteignent maintenant le mètre cinquante, et tout à coup, cela devient la jungle en folie ! 


Carlos Bahia est excité comme une puce et il est bien décidé à faire le show. Lui qui s'était montré plutôt réservé et discret jusqu'à présent (une ruse de brésilien ?) pousse maintenant de grands cris pour que nous nous écartions de son chemin, et envoie des snaps que l'on qualifiera d'"appuyés".


Robin Johnston, shapeur hawaïen de son état et second cette année à Sunset, est tout sourire. Il vient d'être recruté par la marque Mistral et va pouvoir suivre l'intégralité du World Tour sans se poser de questions à propos de son budget déplacement. Cela se ressent dans son surf : ses courbes en pivot à la limite de la mousse sur les plus belles épaules laissent plus d'un spectateur pantois. Il faut dire qu'en ce dimanche, la plage et la pointe de la Torche sont noires de monde !


Peyo Lizarazu s'assied souvent au pic pour discuter avec son compatriote Xabi Lafitte et se relève comme un "i" dès qu'un gros set apparait à l'horizon. Il rame comme un taureau pour être prioritaire au pic, et fait ensuite parler la poudre. Bottom de plomb, suivi instantanément d'un top turn rageur dans son style inimitable, avec un rapide changement de côté de la pagaie en haut de vague : l'animal est franchement impressionnant !


Idem pour Leco Salazar, qui lacère méthodiquement la moindre face dans un style très chaloupé, tout en prenant soin de ne pas trop serrer ses rond house cutbacks car il y a bien souvent plus de 4 ou 5 rideurs par vagues... 


Partir au beau milieu de cette troupe de fous furieux et shooter de bons pics se révèle finalement moins ardu que prévu, la fidèle PSH 9'6 qui m'a accompagné lors des trials m'octroyant un surplus de longueur et de flottabilité appréciable au moment du take off. Elle me permet surtout de démarrer un poil plus tôt, au nez et à la barbe de nombreux top rideurs équipés de planches très (trop ?) courtes.


Eduardo Diaz est de ceux-là. Le canarien, bien connu depuis ses rides sur la vague artificielle du Siam Park de Ténérife, est à la peine sur sa Naish 7'8 Hokua en cette magnifique fin d'après-midi. Il ne retrouvera pas la gauche magique qu'il avait chevauchée sur plus de 300 mètres le matin même !


Les filles ne sont pas en reste, avec une Nicole Boronat bien présente au line up, et dévalant avec dextérité de bons pics. Idem pour son neveu, le jeune Léo Etienne, 13 ans, qui assure le spectacle "comme un grand" en compagnie de sa grande soeur Tinina.


J'aperçois Yann Quilfen le leash entre les dents (?), et qui repart vers la zone d'impact en utilisant au mieux l'ascenseur le long de la pointe. Le breton bénéficie d'un wildcard méritée pour cette épreuve, et il vient peaufiner ses derniers off the lip dans la bonne humeur avant ses premiers heats prévus pour demain matin.


Même Alex "Picuruta" Salazar, le père de Léco, est pour une fois incroyablement détendu : il mime un caméraman avec ses bras et ses mains dès que j'enchaîne une bonne séries de bottoms-rollers sous son nez alors qu'il remonte vers le large !


Allez, encore une dernière dans le chaudron, et après une vague partagée avec mon acolyte normand Grégoire Vitry (champion de la Manche 2011, et facilement identifiable puisque, comme de nombreux kitesurfeurs, c'est le seul à porter un boardshort par dessus sa combinaison), retour à la case parking.


Même endroit, 18 h 45.


Il est temps de se changer et de filer dare-dare à la mairie de Ploemeur pour l'inauguration officielle de l'épreuve, et y découvrir un Kai Lenny relax et présenté en guest-star par Yann N'Guyen, le big boss de Naish France. Comme c'est long, un discours d'officiel, surtout lorsque l'on a l'estomac vide et donc les crocs après une bonne session...


De l'avis de tous les rideurs aux cheveux encore mouillés ce soir là, les petits fours et les jus de fruits eurent une saveur bien particulière !

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