samedi 24 janvier 2015

23) Merci M'sieur Guénolé ! (2021)


Terrasse de Guéthary, Pyrénnées Atlantiques, France, mai 2005, 14 h 56.

Laird Hamilton est de passage dans le sud-ouest de la France, et c'est toujours un sacré spectacle que d'assister à l'une de ses sessions sur le spot de Parlementia ! Que ce soit sur un longboard old style, sur son shortboard spécial muni de footstraps lui permettant d'envoyer des ''El Rollo'' à la manière des bodyboarders, ou bien en tow-in sur un flotteur équipé d'un hydrofoil, le colosse en provenance des U.S.A n'a pas son pareil pour régaler la foule présente en bord de plage. Avec son style à la fois chaloupé et puissant, il donne toujours l'impression que le surf, c'est facile !


Depuis quelques temps, les rideurs du monde entier sont en phase d'observation. En 1995, Laird et Dave Kalama ont remis au goût du jour la pratique du stand up paddlesurf. A l'occasion d'un photoshooting pour la marque Oxbow sur un spot tranquille de la côte sud de Maui, les deux compères ont attrapé pour le fun des pagaies de pirogues hawaïennes, et sont allés s'amuser à tour de rôle dans de minuscules séries sur une planche de tandem. Les clichés de Sylvain Cazenave ont fait le tour du monde, et nombreux sont les glisseurs en tout genre qui, intrigués par ce drôle d'engin, se livrent à des essais de "surf debout à la rame" sur leur spot local.


Cette pratique ne date pourtant pas d'hier. Dans les années 50, le surfeur hawaiien Bobby Achoy s'est blessé aux cervicales dans un accident de voiture. Ne pouvant plus ramer allongé avec la tête relevée pour cause de douleurs récurrentes, il s'est fait shapé un des tous premiers flotteur de SUP. Il a ainsi pu continuer à profiter debout des vagues du South Shore d'Oahu. Son frère et quelques amis comme John Zabotacky l'ont ensuite imité, et Gerry Lopez lui-même se souvient avec nostalgie de ce groupe de paddlesurfeurs qui chevauchaient le swell de cette manière dans les environs de Waikiki.


Parking du Magic Surf Shop, Saint-Malo, France, juin 2005, 18 h 23.


Ca y est, je l'ai ! J'ai enfin réussi à me procurer un SUPsurf pour tenter de faire mon Laird et évoluer avec puissance et style sur cette énorme planche. Il s'agit d'une Gong 12' Original Carve, mais c'est surtout la seule planche de série disponible dans l'hexagone à cette époque. Alors je ne remercierais jamais assez Patrice Guénolé, le patron de Gong Surfboards, d'avoir cru en ce nouveau support et d'avoir commercialiser malgré le sourire narquois de certains ce premier flotteur qui va me redonner une seconde jeunesse !


Dès la première session à Trouville sur mer, dans de modestes vagues d'un mètre, la messe est dite :

- take off au large sur des ondulations à peine formées et sous le regard médusé des surfeurs locaux qui sont obligés d'attendre un peak pentu 40 mètres plus loin dans l'inside afin de pouvoir démarrer,
- aptitude au trim impressionnante lorsque je dévale la vague de côté,
- prise de vitesse exceptionnelle, et bottoms engagés suivis de cutbacks prudents sur l'épaule.

Je suis certes un peu fébrile et marche sur des oeufs lors de mes premiers virages en appui sur ma pagaie mais ce jour marquera pour moi l'arrêt définitif de la pratique du surf classique. Et aussi le début d'une période faste au cours de laquelle je vais revisiter tous les spots de France, de Navarre ou d'ailleurs une pagaie à la main!

Les avantages de ce nouveau sport sont nombreux :


- L'utilisation d'une pagaie décuple la puissance de rame. Passer facilement la barre, se replacer rapidement au pic, démarrer au large sur la moindre bosse de houle et surfer des vagues depuis leur naissance sur une longueur exceptionnelle, ou bien encore shooter en toute confiance de solides séries devient le lot quotidien du SUPsurfer.


- Adieu les fastidieuses séances de fitness à la salle de gym pour entretenir votre physique de surfeur sur le déclin : la rame avec pagaie muscle naturellement et renforce de manière très efficace le gainage et la proprioception.


- L'appui offert par la pagaie en surf permet des figures radicales pour des planches qui font en moyenne 150 litres !


- Même les vagues les plus petites et les plus molles sont exploitables en SUPsurf, le volume de la planche et la longueur de ses rails assurant portance et vitesse. 


- Plus besoin de s'extasier sur Hawaii ou d'autres destinations tropicales : le moindre spot situé à proximité de chez vous convient très bien ! Vous le trouviez ennuyeux pour cause de séries trop petites et donc vraiment exploitables en surf classique : c'est maintenant un merveilleux endroit parfaitement adapté à la pratique du paddlesurf.


- Le poids du flotteur est un atout supplémentaire lorsque les vagues sont clapoteuses, et faire une session dans des conditions on shore est plus facile qu'en surf classique.


- La position debout offre une vision nouvelle et plus rassurante de l'océan : on voit loin à l'horizon, ce qui permet d'anticiper l'arrivée des séries, notamment les jours de gros.


- Les spots difficilement accessibles en surf classique car situés loin du bord ou dans la crique voisine sont maintenant à portée de pagaie...


- etc, etc !


Alors oui : merci Monsieur Guénolé !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire